L’actualité de Minos

Papyrologie découverte Minos

Aude Cassayre

12/9/20242 min read

L’antiquité réserve parfois des surprises et des découvertes remarquables. L’été 2024 vient de livrer un maillon du puzzle du personnage de Minos, au moment même où Misthos 2 s’écrivait.

Car Minos, le roi Minos, pose tout de même problème : il nous est connu presque exclusivement par ses déboires avec Poséidon et sa haine envers Dédale. Il n’apparaît pas comme un chef d’œuvre de justice et d’humanité : il fait assiéger Athènes, il donne en pâture au Minotaure des jeunes athéniens, il tente de se débarrasser cruellement de Dédale et de son fils, la liste peut s’allonger. Jusqu’à son dernier souffle, il est poussé par la haine et l’esprit de vengeance puisque c’est en voulant retrouver et châtier Dédale qui avait échappé au labyrinthe et à la mort, qu’il va lui-même trouver celle-ci … dans une invention de Dédale justement.

Mais pour les Anciens, Minos est bel et bien juge aux Enfers. Homère l’évoque ainsi, en quelques vers. Il n’est pas fait mention d’une quelconque cruauté, au contraire. C’est donc qu’il représentait la Justice, qu’il n’était pas ce roi cruel que nous connaissons. Ou qu’il n’était pas uniquement ce roi cruel.

On avait beau chercher, aucun texte ne parvenait à nous montrer un visage plus juste du personnage.

Pourtant, il y a fort à parier que les Anciens avaient des textes, des mythes, sur cette autre face du personnage. Cet aspect devait même être antérieur à celui que nous connaissons puisque c’est uniquement lui qui apparaît dans Homère. Le caractère vindicatif du personnage semble, en revanche, plus récent, et très lié à l’histoire d’Athènes et ses mythes de fondation. Il semble bien y avoir deux grandes étapes du mythe, une période avant l’éclosion d’Athènes où le personnage de Minos est un roi juste et puissant ; une autre période plus tardive où il devient, en lien avec le mythe du Minotaure, ce terrible et redoutable roi.

Or vient d’être découvert, dans un papyrus, un passage d’une pièce de théâtre du tragique Euripide. Le papyrus a été découvert en Egypte, à Philadelphie, dans une nécropole. Il ne contient pas la pièce de théâtre en entier (il ne fait que 27 cm2), mais quelques fragments. Et dans ces fragments, se trouve un dialogue entre la reine Pasiphaé, femme de Minos, le roi Minos lui-même et un devin Polyidos.

Le couple royal discute avec Polyidos de la moralité de la résurrection. C’est la première fois que nous voyons Minos parler de justice et de moralité. Il y a donc dans cette découverte extraordinaire déjà la certitude que Minos apparaît bien dans des textes qui ne nous sont pas (encore) parvenus et que la justice, au moins dans ce texte, est bien un sujet qui le préoccupe.

Le nouveau papyrus semble ouvrir sur tout un aspect du personnage qui nous échappait complètement avec les sources que nous possédions. Il reste à espérer qu’une nouvelle découverte pourra un jour nous en apprendre plus.

Pour la fin provisoire de l’histoire, Minos et Pasiphaé demande la résurrection de leur fils, mort noyé dans une cuve de miel. Le devin Polyidos lui donne des herbes pour le ramener à la vie.