La création des hommes et Prométhée

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11/19/20259 min read

Le Titan Prométhée, premier épisode

Prométhée est un Titan, fils de la fille d’Océan, l’Océanide Clymène, et du Titan Japet. Il est le frère d’Atlas, de Ménoetios et d’Epiméthée. Son nom signifie le « prévoyant », alors que son frère, Epiméthée est « celui qui pense trop tard ». Alors que Zeus condamnait Ménoetios en l’envoyant dans l’Erèbe et Atlas en l’obligeant à porter la voûte céleste éternellement, Prométhée, dans un premier temps, fut l’allié des dieux auxquels il s’était joint lors de leur combat contre les Titans. Mais sa ruse et sa fourberie, mises au service des hommes, déplurent fortement à Zeus.

Le mythe des races

Dans Les Travaux et les Jours, Hésiode raconte que les dieux et les hommes sont nés de naissance commune. Ce sont les dieux Olympiens qui créèrent la première race d’hommes destinés à mourir, à l’époque du règne de Cronos. Ils menaient une vie exempte de souffrances, loin des malheurs et des peines. Ils vivaient de festins, sans vieillir ni décroître, et mouraient comme s’ils s’endormaient. La terre leur offrait d’elle-même ses fruits sans les assujettir à un dur labeur. Cette race appelée l’Âge d’Or disparut comme le règne de Cronos, et Zeus en fit des forces divines et généreuses, errant par toute la terre pour aider, protéger et veiller à la justice.

Les habitants de l’Olympe créèrent ensuite une deuxième race, bien inférieure à la première par l’esprit et la taille. Il s’agissait de la Race d’Argent. Les enfants de cette race jouaient et grandissaient pendant cent ans auprès de leurs mères. Puis, devenus grands, ils ne vivaient alors que peu de temps, accablés qu’ils étaient de nombreuses misères. Leur violence, en effet, les uns envers les autres les détruisait. Pire, ils ne rendaient pas de culte aux dieux immortels et laissaient vides les autels de ces derniers. Zeus, plein de colère, ensevelit cette race. Les mortels les appellent depuis les Bienheureux sous la terre, sorte de dieux avec quelques privilèges.

C’est Zeus qui fit lui-même la troisième race des hommes, une Race de Bronze, terrible et puissante. Elle se complaisait dans la violence et la guerre. Ces hommes ne connaissaient pas la culture, ne savaient pas cultiver la terre ni faire de la farine. Leur cœur était fait d’acier. Tout chez eux était de bronze, maisons, arbres. Leur force était immense et leur physique robuste et invincible. Vaincus eux aussi en se combattant les uns les autres, ils finirent tous dans la demeure d’Hadès et quittèrent ainsi le soleil.

Le dernier représentant de cette race est Talos. C’était un Géant, de la race de bronze : Zeus l’avait donné à Europe et il était devenu un serviteur de Minos. Son rôle était de garder la Crète. Il faisait régulièrement le tour de l’île et tuait ceux qui s’en approchaient : il les étreignait de son corps rougi au feu. Il était presque invincible : il n’avait qu’un point faible, le départ de sa veine unique était apparent, au niveau de sa cheville. Un clou la refermait. C’est la magicienne Médée qui le tua indirectement. Quand les Argonautes voulurent faire escale en Crète, elle lui envoya un charme. Talos perdit la raison et défit le fameux clou. Tout le liquide qui irriguait son corps – on l’appelle l’ichor, se répandit et il en mourut.

A l’extinction de la race d’acier, Zeus créa immédiatement une nouvelle race, la quatrième, plus juste et plus valeureuse. C’est une race divine formée de Héros : on les appelle les demi dieux. Eux aussi, malgré leur vaillance et leur valeur, succombèrent aux combats qu’ils menèrent, ces vastes conquêtes comme la prise de Thèbes par les enfants d’Œdipe, la Guerre de Troie, la Conquête de la Toison d’or. La plupart mourut ainsi en combattant. D’autres furent établis loin des dieux, aux confins de la terre, dans les îles des Bienheureux. La race des héros s’éteint définitivement à la mort d’Ulysse.

La cinquième race, la race actuelle, est celle de Fer. Elle est frappée d’atroces souffrances que lui envoient les dieux. Dans cette vie de peine, elle connaît parfois quelques bonheurs. Cette race ne respecte pas la piété et se trouve encline à la violence et l’outrage. Elle ne respecte pas les dieux, pas la vieillesse, pas les serments. Les hommes de cette race se font la guerre, violent les serments. Mais pour eux aussi, les jours sont comptés …

Les qualités des hommes

Outre le mythe des races rapporté par Hésiode dans Les Travaux et les jours, il existe deux autres mythes de la création des hommes mettant en scène Prométhée. Ils ne s’opposent toutefois pas au mythe des races.

Les dieux chargèrent Epiméthée, le Titan, frère de Prométhée, de doter les êtres de qualités. Son nom signifie littéralement « qui réfléchit trop tard » et effectivement, tout étourdi, ce dernier distribua d’abord tous les dons aux différents animaux, force, courage, plumes, coquilles ; il ne restait rien pour les hommes. Il appela alors son frère Prométhée au secours et celui-ci dota les hommes de dons qui les rapprochaient des dieux. Leur forme est, en effet, proche de celle des dieux, la taille mise à part. Ils savent se tenir debout. Pour pallier leur nudité sans défenses naturelles, Prométhée déroba, à l’aide d’une torche, le feu au char du soleil et l’offrit aux hommes. Quand Zeus s’aperçut de la présence de cette lumière sur la terre, il fut violemment courroucé envers Prométhée… à suivre.

Le déluge, Deucalion et la race de pierre

Selon un autre mythe, Zeus aurait décidé de détruire de la surface de la terre les hommes devenus par trop odieux. Il prévoyait pour cela d’envoyer pluies torrentielles et eaux diluviennes, aidé également par son frère Poséidon. Prométhée l’apprit et mit à l’abri sa famille. Il conseilla à son fils Deucalion de construire une barge de bois et d’y mettre quantité de provisions. Deucalion monta ensuite dans la barge accompagné de sa femme, Pyrrha, la nièce de Prométhée, fille d’Epiméthée et de Pandore.

Quand le déluge s’abattit sur la terre, tout fut inondé sauf l’extrême pointe du mont Parnasse. C’est à cet endroit qu’échouèrent Deucalion et Pyrrha, dans une solitude entourée d’eau. Zeus les prit en pitié et fit partir les eaux. La terre réapparut peu à peu, couverte de vase et de mousse.

Deucalion et Pyrrha trouvèrent un temple en ruine et, pieux qu’ils étaient, rendirent grâce aux divinités de les avoir épargnés. Une voix alors s’éleva leur ordonnant de se voiler la face, de sortir du temple et de jeter derrière eux les os de leur mère. Pyrrha fut saisi d’effroi, mais Deucalion interpréta les paroles et y trouva un sens symbolique. La terre était leur mère et ses os les pierres. Ce sont ces dernières qu’ils jetèrent ainsi derrière eux. Quand elles touchaient le sol, les pierres jetées par Deucalion devenaient des hommes, celles jetées par Pyrrha des femmes. C’est ainsi que naquit la dure race de pierre.

A la table des dieux : de l’origine des sacrifices - la ruse de Prométhée - au banquet divin

Les dieux se nourrissent, et y passent beaucoup de temps. Mais c’est une nourriture bien supérieure à celles de mortels et d’une toute autre nature. L’essentiel est constitué de deux aliments, le nectar et l’ambroisie. Cette dernière est très sucrée et de consistance légère ; enfin, c’est ce que l’on raconte. Elle confère l’immortalité à celui qui en est oint et elle préserve de la pourriture une chair mortelle. Le nectar est de couleur rouge ; liquide, il est bu par les dieux.

Les dieux se nourrissent aussi des vapeurs odorantes des sacrifices que leur font les mortels. Il peut s’agir de prémices des récoltes, de gâteaux de miel. Les sacrifices d’animaux sont aussi très fréquents et le partage est le fait d’une ruse très ancienne de Prométhée.

Après la répartition des qualités aux hommes et le vol du feu, Prométhée partagea alors un bœuf entre les hommes et les dieux, en signe de réconciliation disait-il. D’un côté, il mit toutes les chairs et les entrailles de la bête qu’il recouvrit de la panse de l’animal. De l’autre côté, il prépara tous les os en les couvrant d’une graisse luisante. Une fois ces préparatifs faits, le rué Titan fit choisir à Zeus la part qui lui convenait ; le roi des dieux choisit évidemment la part qui semblait la meilleure, celle qui ruisselait de graisse, trompé qu’il était par la ruse de Prométhée. Depuis lors, les hommes sacrifient aux dieux en leur offrant les os des animaux immolés. Les dieux respirent ces effluves et s’en nourrissent également.

Les divinités se nourrissent lors de banquet où ils sont servis par un échanson. Deux êtres jouent se rôle, la déesse Hébé et le jeune Ganymède. A la table des dieux sont aussi invités des mortels, aimés des divinités : ainsi Sisyphe y fut longtemps admis avant de trahir en volant du nectar. L’épouse d’Eros, Psyché, y est admise. Quant aux dieux, ils ne répugnent pas à descendre s’attabler à la table des mortels. Tantale les invita pour un banquet tristement célèbre où il leur servit la chair de son fils Pélops. Les dieux aiment festoyer en écoutant de la musique. Apollon, mais aussi les Muses les charment de leurs chants.

L’enlèvement de Ganymède et la constellation du Verseau

Dans l’Olympe, Hébé, la fille de Zeus et d’Héra, déesse de la jeunesse, servait à boire aux dieux. Mais un jour, Zeus enleva un jeune prince troyen. Ganymède était le fils du roi Tros de Dardanie et de la nymphe Callirrhoé, elle-même fille du fleuve Scamandre. Alors qu’il surveillait ses troupeaux sur le mont Ida, en Troade, il fut enlevé par Zeus apparu sous les traits d’un aigle et devint ainsi l’amant du roi des dieux, épris de la beauté de l’adolescent. Zeus en fait ensuite l’échanson des dieux à la place d’Hébé. Mais Héra est jalouse et veut forcer Zeus à rendre l’adolescent. Zeus refuse et transforme Ganymède en constellation, le Verseau. Ganymède est le grand-oncle d’Enée.

Pandore

Lorsque Prométhée proposa de partager un bœuf avec les dieux, en signe de réconciliation après le vol du feu, Zeus désigna lui-même la part des dieux dans le choix que lui proposait le Titan : il ne pouvait donc pas y renoncer. Mais furieux de s’être fait abuser encore une fois, il trama alors une machination pour se venger de l’offense de Prométhée et des hommes.

Dans la vengeance qu’il médita, Zeus convoqua les différents dieux pour l’aider à ourdir son piège. Il invita ainsi Héphaïstos à pétrir un être féminin avec de la glaise et de l’eau, à lui ajouter une voix humaine, la force ainsi qu’un visage divin. Athéna quant à elle dota cet être de la grâce, du désir et des soucis. C’est à Hermès que revint de lui donner une âme trompeuse et des mœurs sournoises. Athéna lui noua encore autour de la taille une ceinture, les Charites lui attachèrent des colliers d’or et les Heures lui tressèrent des fleurs dans les cheveux. Ce cadeau de tous les dieux fut nommé Pandore, cadeau de tous, et donné, pour leur malheur, aux hommes.

Hermès apporta le cadeau au frère de Prométhée, Epiméthée, connu pour son inconsciente étourderie. Malgré les mises en garde de Prométhée de ne jamais accepter de don des dieux, il prit le cadeau. Pandore ouvrit une jarre que lui avaient offerte les dieux : elle était pleine des maux que les hommes ne connaissaient pas encore. En l’ouvrant, Pandore les laissa tous échapper pour le plus grand malheur. D’innombrables souffrances se répandirent ainsi chez les hommes.

Le châtiment de Prométhée

De rage, une fois les hommes punis, Zeus enchaîna Prométhée par de terribles entraves à un pilier et lui fit dévorer chaque jour le foie par un aigle. Mais ce foie immortel renaissait chaque nuit et le lendemain, le rapace recommençait son œuvre faisant ainsi éternellement souffrir le Titan. Prométhée fut délivré de son sort par Héraclès ; celui-ci tua le rapace et arracha Prométhée à ses souffrances. Zeus le laissa faire…

Talos protégeant la Crète