L'Amour amoureux

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11/22/20255 min read

L’Amour amoureux

Eros est d’abord l’une des puissances primordiales. Avec Himéros, il fait partie du cortège d’Aphrodite dans les premiers temps. Mais rapidement, les mythes en font son fils, un magnifique adolescent, favorable aux hommes, qui joue de ses flèches pour les rendre amoureux et qui, bien souvent, se joue tout simplement d’eux.

Mais voilà qu’Apulée, auteur du 2e siècle p. C. se met à raconter l’histoire d’Eros, Cupidon chez les Romains, devenu lui-même amoureux.

Il y avait, en effet, une très jolie jeune fille nommée Psyché, si belle qu’elle était comparée à une déesse. Fille d’un roi, elle avait deux sœurs également ravissantes, mais la beauté de Psyché les surpassait. De toute part, on venait l’admirer et peu à peu, on en oubliait la déesse Aphrodite au profit de cette beauté si terrestre.

Et la déesse en prit ombrage. Elle appela son fils, le dieu de l’Amour, et lui demanda d’intervenir. Que de ses flèches, il foudroie l’insolente et la fasse s’éprendre d’une créature abominable ! Aphrodite lui montra Psyché : erreur ! Eros tomba éperdument amoureux.

Psyché quant à elle ne se mariait pas. Nul prétendant ne se présentait pour la prendre pour épouse. Les hommes l’admiraient mais ne voulaient pas l’épouser. Ses sœurs se marièrent, elle restait sans époux. Ses parents s’inquiétaient et son père finit pas requérir l’aide de l’oracle d’Apollon. Mais Eros lui avait déjà parlé… Apollon rendit son oracle, étonnant et monstrueux. Il conseilla de faire conduire Psyché en habits de deuil au sommet d’une colline et de l’y laisser. Elle y trouverait son mari, un terrible serpent ailé.

Ainsi fut menée la jeune fille dans les pleurs et les lamentations. Mais Psyché restait forte et s’en remettait à son sort. Seule sur la colline, Psyché attendait. Soudain, le doux Zéphyr se fit sentir et enleva la jeune fille qu’il porta jusqu’à une plaine fleurie. Epuisée, Psyché s’endormit. Quand elle se réveilla, elle était près d’une rivière devant laquelle se trouvait un palais majestueux et riche ; une voix l’incitait à entrer. Elle passa ainsi une journée dans le palais, prenant bains et repas délectables. Le soir venu, elle sentit près d’elle une présence, une voix murmurer à son oreille, l’époux qu’elle voulait tant. Ses jours et ses nuits se passaient ainsi, elle ne retrouvait son mari que dans l’obscurité. Son mari, vous l’avez deviné, était le dieu Eros lui-même.

Mais une nuit, son mari l’avertit que ses sœurs venaient régulièrement sur la colline et la pleuraient. Il lui enjoignit de ne pas les voir, mais sous l’insistance de Psyché, il finit par céder et la laisser revoir ses sœurs. Il lui fit cependant promettre de ne pas se laisser persuader d’essayer de le voir. Zéphyr le lendemain porta les deux sœurs au palais de Psyché. Leurs retrouvailles furent pleines de joie et d’étreintes. Mais très vite, les deux sœurs en vinrent à jalouser la richesse et le sort de Psyché. Une fois reparties, et pourtant comblées de richesses par leur sœur, elles ourdirent contre elle un complot.

Quand elles revinrent voir Psyché, elles lui assurèrent qu’elles avaient appris que son mari qui jamais ne se laissait voir, était bien le monstre décrit par l’oracle d’Apollon. Une nuit viendrait où il la dévorerait. Troublée, puis convaincue, Psyché leur demanda conseil et ses sœurs lui dirent de cacher un couteau et une lampe pour le tuer la nuit venue.

Quand la nuit fut venue et son mari endormi, Psyché se saisit du couteau et alluma la lampe. Elle s’avança en silence vers la couche et vit, non pas un monstre, mais un magnifique être. Dans l’émotion, elle tomba à genoux et le couteau lui échappa des mains. Elle retourna contempler la beauté de son époux, mais, alors qu’elle était penchée sur lui, une goutte d’huile de la lampe tomba sur l’épaule du dieu et l’éveilla. Il comprit que sa femme l’avait trahi et, sans un mot, disparut.

Psyché courut derrière lui, en vain. Seule une voix lui parvenait, l’Amour lui disait qu’il ne pouvait vivre sans confiance. Psyché, éplorée, décida de passer le reste de sa vie à le reconquérir. Quant à Cupidon, il avait gagné la chambre d’Aphrodite pour faire panser sa blessure.

Mais quand la déesse comprit qu’il s’était épris de Psyché, elle le quitta sur-le champ bien décidée à se venger de la jeune femme. Psyché de son côté priait tous les dieux de l’aider, mais aucun ne prenait le risque de s’attirer l’ire d’Aphrodite. La jeune femme décida alors de s’adresser directement à la déesse, avec le secret espoir que son fils soit près d’elle. Elle offrit à Aphrodite de devenir sa servante.

La déesse l’accueillit avec violence et sarcasmes et lui infligea une première épreuve. Elle accumula en un immense tas quantité de graines minuscules des fleurs des champs et ordonna à Psyché de les trier. Psyché était désespérée. Mais elle fut prise en pitié par les fourmis qui firent le travail avec diligence. Le soir venu, la déesse lui ordonna de dormir à même le sol.

Le lendemain, elle lui ordonna d’accomplir une nouvelle tâche. Elle la somma d’aller recueillir, près de la rivière, quelques brins de laine de moutons à la toison d’or. Mais les bêtes étaient agressives et sauvages. Psyché descendit jusqu’à la rivière et fut sur le point de s’y jeter quand elle entendit la voix d’un roseau. Il lui suggérait d’attendre le soir que les bêtes s’en aillent boire pour recueillir les bouts de laine restés accrochés dans les ronces. Elle rapporta ainsi les brins d’or à Aphrodite qui l’accusa de s’être fait aider.

La déesse lui ordonna alors d’aller lui remplir aux eaux du Styx un flacon. La cascade coulait le long de rochers trop escarpés pour être atteints, mais cette fois, ce fut un aigle qui vint à son secours.

Enfin Aphrodite l’envoya aux Enfers chercher un peu de la beauté de Perséphone, Proserpine en latin ; la jeune femme devait la mettre dans la boîte que lui confia la déesse. Psyché obéit, fut guidée par une tour pour descendre aux Enfers et obtint de Proserpine ce que demandait Aphrodite. Elle ressortit des Enfers en charmant Cerbère à l’aide de biscuits.

Mais décidément trop curieuse, Psyché ne put résister à l’envie d’ouvrir la boîte. Dès qu’elle eut ôté son couvercle, elle fut saisie d’une langueur mortelle et s’effondra. Par chance, Cupidon s’était mis alors à la recherche de sa femme, sa blessure et son cœur peu à peu cicatrisés. Il la retrouva et ôta de ses yeux le sommeil létal. Il lui dit de porter sans crainte la boîte à Aphrodite et lui-même s’envola vers l’Olympe pour plaider sa cause devant Zeus. Le roi des dieux annonça à tous les dieux qu’Eros et Psyché étaient mariés et proposa qu’ils accordent l’immortalité à Psyché. Hermès alla la chercher, elle goûta l’ambroisie qui la rendit immortelle.